En tant que marraine lors des matchs de la rentrée littéraire Priceminister, j'ai pu choisir un 2e livre dans la sélection de cette année. Evidemment j'ai laissé Glossingmum se décider comme c'est elle qui rédige les critiques littéraires. Et c'est sur Danse noire que s'est porté son choix ! Je lui cède la parole pour cette seconde chronique.
Je commencerai mon commentaire par une citation de l’auteur à propos de son livre :
« Mon idée de départ, comme si souvent, était musicale : de même qu’un prélude de Bach fait souvent avancer simultanément trois airs à des rythmes différents, de même, ici, j’ai suivi trois destinées très dissemblables, pourtant soudées par des liens de sang. Comme trois fils de couleur, tressés dans le temps… »
Ces trois destinées pourraient former une formidable saga, du grand-père Neil, avocat à Dublin obligé de fuir l’Irlande suite à son implication dans la révolte contre les anglais en 1916 au petit-fils Milo, abandonné à la naissance puis sauvé par son grand-père et finalement grand scénariste qui nous emmène au Brésil et ses favelas, en passant par le père Declan ou plutôt sa femme Awinita, jeune indienne prostituée dans le Québec des années 50.
Trois époques donc, dans des contextes historiques différents.
Le problème a été pour moi la construction et le style de narration de ce roman :
- tout d’abord, Nancy Huston écrit l’histoire sous forme de scénario cinématographique, il y a une raison à cela. Milo, le dernier personnage de la saga familiale est sur son lit de mort, atteint du sida et c’est Paul Schwarz, son amant, qui lui raconte comment il veut raconter dans un film sa vie hors du commun. Il le fait donc dans le mode scénario avec description de la scène, éventuellement musique accompagnante, clap de fin… Cela devient assez pénible à la longue et empêche de se concentrer sur l’histoire même des personnages.
- les dialogues de la génération intermédiaire, celle d’Awinita et de Déclan, sont en anglais, traduits en bas de page (en tout petit) dans un dialecte québecois difficile à lire. De plus ces dialogues en anglais sont entrecoupés de phrases en français. Il faut donc arriver à repérer ces phrases au mileu de l’anglais donc jongler en permanence entre le texte et la traduction de bas de page. C’est épuisant et énervant.
- on retrouve dans ce « Danse noire » le style habituel de Nancy Huston, qui n’écrit pas de façon linéaire. La vie de chacun des trois personnages se déroule alternativement chapitre après chapitre dix fois en tout (trente chapitres) dans l’ordre Milo, Neil, Awinita, Milo, Neil, Awinita… Je ne vois pas l’intérêt de cette construction (danse répétitive comme une danse brésilienne qui a marqué la vie de Milo ?) qui est très fatigante pour le lecteur.
Je suis vraiment désolée pour ces trois points négatifs car écrit de façon plus « traditionnelle », je trouverais ce livre formidable, pour ses personnages, leur contexte historique, l’écriture de Nancy Huston.
Alors, je me propose de relire ce livre pour mieux profiter du contenu narratif en oubliant le côté scénario avec éventuellement la solution de lire un chapitre sur trois pour suivre la vie de Neil, le grand-père puis décaler et faire de même pour celle d’Awinita, la mère, puis faire encore de même pour Milo personnage central du « film ».
Ma note : 10/20 mais certainement plus après relecture.